DERRIÈRE LE MASQUE
Je suis forte, j’ai peur de rien,
je sais tout faire, je suis solide.
Le problème avec un masque comme ça
c’est que ça m’oblige à être tout ça.
Alors je me mets une pression de tarée
pour être à la hauteur de l’image que je me crée.
Alors qu’en vrai je suis intimidée quand on vient me parler
je suis tétanisée à l’idée d’échouer,
j’ose pas me dévoiler par peur de me ridiculiser
et je tiens les hommes bien éloignés pour éviter leur rejet.
J’aimerais bien être juste moi,
mais je n’y arrive pas parce que c’est terrifiant,
parce que enfant on me répétait que c’était mieux sans moi,
et que je dérangeais,
Alors j’ai grandi avec cette idée terrible
que je ne mérite pas d’être aimée.
Que ce que je suis n’a pas sa place.
Alors je n’avais pas vraiment le choix tu vois,
j’étais obligée de me forger une carapace
en béton armé, capable de tout camoufler,
rien ne peut m’atteindre, vous ne me blesserez jamais,
parce que je suis forte, solide,
et que je n’ai pas besoin de vous pour exister.
Alors que dans le fond je crève d’envie de chanter mon romantisme
de danser dans la rue, de regarder les étoiles, d’écouter du piano et de pleurer tellement c’est beau.
Mais j’ai si peur que le monde entier me rejette
que je préfère rester solide, forte et muette.
Alors je suis tiraillée
parce que je sens bien que le masque devient trop lourd à porter,
que c’est bien de se sentir en sécurité
mais si c’est pour être seule, planquée, ça ne me fait pas avancer.
Je sais que je ne peux pas continuer à repousser les gens par peur que eux me repoussent un jour
Je sais que je ne peux pas continuer à me cacher, parce que je commence à me gâcher.
Faut que je tente quelque chose, que j’essaie,
Alors je viens ici
j’écris ce qui me fait mal, je transforme ma douleur en slam
Je me mets à nue, sans masque, sans armures
et pendant ces quelques minutes sur scène, j’existe,
telle que je suis avec mes blessures.
Alors tu vois si je parais forte et sure de moi
c’est juste une façade, pour me protéger d’un éventuel rejet.
Qu’au fond je suis fragile
Mais je ne veux plus le cacher
J’ai fait mon choix, ça me fait peur à chaque fois
Mais je préfère risquer de vivre que de regretter.